Qu’est-ce que c’est ?
Compression du nerf Ulnaire au niveau du coude dans la gouttière retro-épitrochléo-olécranienne (statique) ou sous le fascia du muscle Fléchisseur Ulnaire du Carpe (dynamique).
Il s’agit d’un syndrome canalaire statico-dynamique au niveau du coude.
Celui-ci entraine des paresthésies (fourmillements) du dernier doigt (auriculaire) et d’une partie du 4e (bord interne)
Il s’agit d’un effet poulie quand le coude est plié (statique) et d’un effet d’écrasement par le fascia du FUC lors de mouvements répétés ou continus de ce dernier (flexion du poignet).
Il peut y avoir des phénomènes dynamiques seuls ou statico-dynamiques.
Les symptômes
Fourmillements qui peuvent toucher les 2 derniers doigts. Ces fourmillements sont très souvent insomniants. Les patients avec un STC se réveillent et ont le besoin de tendre le coude. Le matin, au moment d’ouvrir les yeux la main est raide et nécessite un dérouillage.
Une perte de force de flexion des deux derniers doigts peut se retrouver. En effet le nerf ulnaire est le nerf de la force de poigne sur ces deux derniers doigts.
Diagnostic
Clinique et électromyographique (EMG) le plus souvent. Une échographie peut aussi retrouver une instabilité du nerf qui « roule » sur l’épitrochlée poussée par le triceps lors des mouvements de flexion du coude.
L’EMG peut retrouver et quantifier la souffrance du nerf.
Le nerf ulnaire est un nerf mixte c’est-à-dire qu’il a un rôle SENSITIF : il conduit l’information sensitif de la pulpe de votre auriculaire qui touche une poêle brulante par exemple. Plus l’information revient vite (au moins 50 m/s) et moins longtemps vous garderez la main sur la poêle brulante. Et un rôle MOTEUR : il conduit l’information de votre cerveau qui donne l’ordre de serrer avec les deux derniers doigts.
Avant l’intervention → EMG ?
Traitement chirurgical
En ambulatoire (sortie le jour même) habituellement sous anesthésie locorégionale ou locale.
Le chirurgien réalise une incision en arrière du coude sur sa partie interne. Plusieurs possibilités de libération sont possibles. Si la compression n’est que dynamique et non statique, une « simple » décompression peut être effectuée. Si la souffrance est statique il faudra contrer cet effet poulie par une transposition antérieur (en avant de l’os) avec confection d’un « hamac » pour éviter qu’il ne reparte en arrière.
Après l’intervention
– Une disparition des fourmillements nocturnes dès le premier soir en fonction de la sévérité de la compression et du délai avant la prise en charge
– Pas d’immobilisation
– Une gêne peut se faire sentir pendant un temps autour de la cicatrice
– Des soins locaux par un(e) infirmièr(e) tous les deux – trois jours, les fils sont résorbables.
– Après 1 mois, reprise des activités sans limite de poids ou de mouvements.
Rendez-vous de contrôle
– M2 : 2 mois après l’intervention : contrôle de la cicatrice et de l’amélioration des symptômes.
Complications
« Expliquer les complications d’une chirurgie c’est dire des choses que l’on n’a pas envie de dire à quelqu’un qui n’a pas envie de les entendre »
– Comme toute chirurgie il existe un risque d’hématome post opératoire.
– Une infection profonde est très rare. Elle peut nécessiter une chirurgie de lavage avec un traitement par antibiotiques. Il est très fortement déconseillé de fumer et un sevrage peut être nécessaire car le tabac augmente le risque d’infection.
– L’algodystrophie est un phénomène douloureux mal compris. Elle est traitée médicalement et peut durer plusieurs mois (voire années), entrainant une prise en charge spécifique avec rééducation adaptée. Elle est imprévisible dans sa survenue comme dans son évolution et ses séquelles potentielles.
– L’atteinte du nerf (fibrose cicatricielle, cicatrisation intra neurale, section) est extrêmement rare.
– La cicatrice peut être adhérente au plan profond plusieurs semaines.
Elle reste inflammatoire (rouge violacée) pendant 2-3 mois et se blanchit par la suite. Il faut la protéger du soleil pendant 1 an. Elle peut entrainer une petite raideur du poignet en fin d’extension et une gêne en fin de flexion.
La liste n’est pas exhaustive et une complication particulièrement exceptionnelle peut survenir, liée à l’état local ou une variabilité technique. Toutes les complications ne peuvent être listées, ce que vous avez compris et accepté.
Résultats attendus
Une disparition des fourmillements. Selon le délai avant la prise en charge et le degré d’atteinte il faudra de la rééducation.
Une récupération de la force de flexion des deux derniers doigts
EN RÉSUMÉ
La libération chirurgicale à ciel ouvert du nerf ulnaire au coude est une intervention justifiée devant un syndrome compressif clinique du nerf médian +/- avec confirmation par l’EMG.
Le geste chirurgical est bien codifié, les résultats sont le plus souvent très bons mais le degré et la vitesse de récupération sont variables et imprévisibles, fonction notamment du degré de l’atteinte.
Quelques chiffres et informations utiles :
Examen complémentaire : EMG
Durée d’hospitalisation : 0 jours (ambulatoire)
Durée de l’anesthésie motrice : quelques heures (3-4h)
Immobilisation : NON
Limitation port de charge : Non
Arrêt de travail : 1 mois
Reprise du sport et activité : 1 mois
Temps de cicatrisation : 2 semaines environ
Nombre de cigarettes autorisées par jour : ZERO
Cigarette électronique : tolérée
Suivi : 2 mois minimum
Satisfaction post opératoire : +++